Sahara, une affaire royale
D'ailleurs, ce silence risque encore de durer encore quelques semaines. “Rien ne sera dévoilé avant la présentation du plan devant le Conseil de sécurité, croit savoir cet observateur sahraoui. Le plan prévoit des mesures qui pourraient chambouler le système politique marocain et qui ne pourraient en aucun cas être dévoilées d'un coup et sans préparation de l'opinion publique”. Une vaste campagne de communication dans ce sens serait d'ailleurs prévue dans les prochaines semaines. Le gouvernement et le Corcas sont censés prendre le relais des émissaires du roi, pour expliquer les grandes lignes du projet aux Marocains et “gagner leur adhésion”. En tout cas, affirme ce politologue, “le roi reprend en main le dossier du Sahara. En temps normal, il aurait donné la parole aux partis politiques et réuni le Corcas. Mais quand les choses sérieuses commencent, les émissaires qu'il dépêche aux quatre coins du monde parlent et s'engagent en son nom et leurs différents interlocuteurs ne le savent que très bien”. Autre changement majeur dans la gestion du dossier : l'hyperactivité dont fait montre la diplomatie marocaine. Le royaume passe à l'offensive après s'être longtemps cantonné dans une position défensive, encaissant sans ciller les coups algériens ou polisariens. “Consulter les puissances mondiales au sujet de la proposition marocaine a pour but de procéder à des ajustements techniques, qui permettront aux membres permanents du Conseil de sécurité de soutenir, d'une manière ou d’une autre, le plan marocain sans se mettre à dos leur opinion publique”, analyse notre politologue. En plus, affirme un membre du Corcas, ayant contribué à la rédaction de la mouture finale du plan présenté au roi, “les consultations avec certains ambassadeurs n'ont jamais cessé à Rabat. Plusieurs puissances sont préoccupées par ce conflit qui s'éternise et aimeraient soutenir une solution où personne ne serait perdant”. Selon des sources concordantes, certains officiels étrangers auraient même “donné leur feu vert” pour une application, dès octobre prochain, du plan d'autonomie (en attendant l'ouverture de négociations avec le Front Polisario).