Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi Omar. On ne peut pas attribuer la faute aux touristes, même pas au tourisme sexuel.
Je pense que la première cause de la délinquance juvénile est notre problème de développement.
En effet, le développement humain est une notion comprenant le développement économique, le niveau d'instruction, l'évolution des mentalités et de nombreux autres agrégats.
Les jeunes commettent des délits d'abord en raison de la misère environnante. Avec un taux de chômage énorme au Maghreb, la jeunesse est désoeuvrée, désemparée, désespérée et ne peut plus faire confiance ni au marché du travail, à l'économie ni aux politiques pour résoudre ses problèmes.
Une première catégorie de crimes et de délits est ce que l'on appelle les crimes et délits crapuleux, c'est à dire commis dans le but de soustraire frauduleusement de l'argent ou des biens à autrui (braquages, cambriolages etc.). Cela est dû essentiellement à des facteurs économiques.
Une seconde catégorie est les crimes et délits à caractère sexuel : les viols et le harcèlement sexuel. A mon avis ils sont, en partie, dûs à la mentalité encore archaïque qui domine le Maghreb. Je pense qu'à force de frustrer les jeunes, et même les moins jeunes, en leur faisant croire que la sexualité est quelque chose de sale, de mauvais, en inscrivant dans la conscience collective que le corps de la femme est impur, qu'il faut le cacher, le voiler... En effet, je vis aujourd'hui en France dans le cadre de mes études, et , en outre, j'ai beaucoup voyagé dans le monde occidental et aussi dans le monde arabe, et j'ai constaté que dans les pays occidentaux, dans les sociétés modernes où la femme est considérée l'égal de l'homme, où elle est considérée comme un être humain à part entière qui n'a pa besoin de cacher son corps (sans pour autant flâner dans les rues en tenue d'Eve), il y a une banalisation et une familiarisation avec la sexualité. Un français, un canadien ou un suédois, lorsqu'ils voient une jolie demoiselle en débardeur et en minijupe, ou même une femme aux seins découverts sur la plage, sont simplement "admiratifs" voire indifférents. Mais les hommes maghrébins, à force de tabous, d'interdits et de frustration, lorsqu'ils voient ne serait-ce que l'avant bras d'une jeune fille, son décolleté, ou ses jambes, sentent leur esprit (et tout le reste) bouillonner d'avidité, de culpabilité, de désirs pervers et il arrive malheureusement que nos jeunes en arrivent à commettre des viols pour goûter ce fruit qu'on leur a toujours interdit. Et ces idées traditionnelles que l'on porte sont aussi porteuses de mépris et de haine parfois pour la femme qui n'est considérée que comme un corps, un utérus. La solution à cela serait la sensibilisation des jeunes, l'éducation sexuelle dans les écoles, collèges et lycées, ainsi que la levée des tabous, l'abolition de la censure car c'est la censure qui pervertit l'homme musulman et le rend parfois vicieux car on lui interdit quelque chose qui est naturel et sans mal, et cela se termine souvent par de graves pathologies. Et c'est à l'Etat de donner ce souffle qui permettra de faire évoluer les mentalités au Maroc et surtout en Algérie à ce niveau, par le biais de l'école et des médias, de la communication. Cette méthode a fonctionné en Tunisie sous les mandats de Habib Bourguiba qui avait pour méthode politique le dialogue avec les citoyens et dont les actions étaient inspirées par la modernité, et dont les discours étaient de vrais cours d'éducation civique. En effet, sous Bourguiba, les femmes pouvaient librement fumer une cigarette dans la rue, traverser les grandes avenues en mini jupes sans que cela ne gêne personne, et sans créer de troubles. Cette modernisation des mentralités et cette ouverture d'esprit sont les acquis qui nous restent de Bourguiba, mais je constate que, depuis quelques années, les mentalités sont entrain de régresser à cause d'une éducation déficiente.
En ce qui concerne les crimes crapuleux, il faut aussi passer par la culture, l'ouverture des esprits, l'éducation et la sensibilisation qui permettront de diminuer ces pratiques sauvages. Cependant, il faut surtout résoudre les problèmes majeurs de la jeunesse. En effet, il faut favoriser le développement économique (je ne citerais pas toutes les méthodes, ce serait trop long, et je commence à avoir mal aux doigts...) et surtout favoriser l'insertion des jeunes dans le monde du travail en leur faisant intérioriser le travail et le mérite comme des valeurs majeures, en créant des formations adaptées aux envies des jeunes et aux besoins du marché...
Concernant la Fondation Mohamed V, je ne suis pas non plus d'accord. L'activité essentielle de cette association est de construire pour les démunis des logements en dur pour remplacer les nombreux bidonvilles dans la banlieue des grandes villes marocaines, pour que les bénéficiaires de ces logements, les vendent finalement pour revenir à leurs bidonvilles. C'est ce que l'on appelle en langage économique de l'assistance, et vous verrez que l'assistance ne mène pas à grand chose. Au lieu de faire de la charité pour se donner bonne conscience et de donner une bonne image de soi, il serait préférable de résoudre les problèmes à la source, et ces problèmes sont dûs à la mauvaise santé économique de nos pays (Oui il y a beaucoup de richesses, des sociétés comme la Sonatrach en Algérie, une importante croissance etc. mais je n'appelle pas une réussite économique, des bilans avec un chômage tel que la majorité de nos jeunes risqueraient leur vie pour aller en Europe, ce qui traduit une grande précarité et un grand malaise social). Il faut donc encore une fois favoriser les petits commerces, les grands secteurs industriels, le tourisme, l'artisanat qui sont autant de sources de prospérité et d'emploi pour la population. Mais aussi il ne faut pas gaspiller l'argent que les citoyens versent à l'Etat et qui est souvent destiné à des politiques défaillantes, vouées à l'échec...
Et si, tous ces problèmes existent aujourd'hui dans notre Maghreb cela veut bien dire que les politiques menées étaient soit des échecs, soit de la poudre aux yeux. Et je pense qu'il ne faut pas avoir peur de hausser la voix pour émettre une critique raisonnée, étayée d'arguments bien construits, et demander des comptes à nos hommes politiques car c'était leur mission, leur devoir de développer nos pays, et depuis l'indépendance, qu'ont-ils fait ? A vrai dire pas grand chose par eux-mêmes, mais un certain nombre de choses grâce à l'Europe, et tant que nos politiques seront médiocres, nous resterons tributaires de cette Europe dont on ne sera que fictivement indépendants.